Conscience

Jean :

Je viens de relire “L’éveil Ordinaire”, J’ai remarqué que tu n’emploies jamais le mot “conscience “, sauf page 52 : “Notre conscience dans cette ouverture est comme nue et libre, elle n’est pas encore compromise dans la saisie dualiste …”

 

Dans un tes articles, ” Qui? ” tu écris : “Encore, on me parle “d’attention” ou de “conscience” en pensant que la réalisation en dépend ” 

Tu écris, par ex , page 153, ” Il n’y a que le bonheur de “je Suis, ……” 

“je Suis” montre que “je” a conscience de “Suis”, que Cela  a conscience d’exister.

 

Quelle serait donc ta définition du mot “conscience” ou “Conscience”, car il me semble, (mais je peux me tromper), que tu hésites à utiliser ce mot.

 

Denis :

Je vois qu’il y a toujours une difficulté avec ce terme “conscience”. C’est la raison pour laquelle je ne l’utilise quasiment jamais. La “conscience de”, implique toujours “quelqu’un” qui est conscient d’un “objet”. Ainsi, la dualité a tendance à persister. Curieusement, ce “quelqu’un” est notre personnage. Notre aspect illusionné est toujours prêt à nous accompagner sur les chemins de l’éveil. Bien des pratiquants s’exercent au maintien de la conscience, sans que la “pleine conscience” ne survienne. Celle-ci ne s’impose pas parce qu’il subsiste un “observateur”, un “acteur”, une “volonté”.

Dans ma démarche personnelle, ce n’est pas plus de conscience qui m’a amené à la réalisation. C’est plutôt un abandon total à la vie, au vivant. À travers la maladie, je n’avais pas beaucoup de force pour la pratique. Aussi, j’ai appris à vivre sans m’impliquer dans les espoirs, sans m’impliquer dans les craintes, à être “sans histoire”…

Lorsque l’on cesse de remettre une bobine sur le projecteur, on finit par réaliser la lumière de l’ampoule qui persiste. Cette Lumière, c’est “Nous” ou “Soi” et elle s’éclaire toute seule, sans que nous intervenions, sans que notre volonté s’exprime.

Il y a un “Voir”, il y a une qualité cognitive qui est là, spontanément et invariablement.

Il y a un “espace-présence” englobant, qui nous précède et qui nous porte, qui pénètre tout et qui est libre du jeu duel.

Il n’y a personne pour s’éveiller. Il n’y a même pas “d’éveil”, car cette notion est propre à l’illusion.

Il y a simplement la vérité, “ce qui Est”, ce qui a toujours été, à laquelle nous ne donnions pas sa place, sa primauté.

Ainsi, nous nous trouvons rendus à une évidence.

Est-ce que cela répond à ton interrogation ?

 

Jean :

Oui, il y  a un problème avec ce mot de “conscience”.

Beaucoup d’enseignants le complètent d’ailleurs : Conscience non conceptuelle, Conscience non duelle, Conscience intemporelle, Conscience pure… comme on dit aussi “Un-sans-second” Pour éviter justement le : conscience de…

C’est très subtil, ainsi, dans un état de relâchement total, de plénitude, il y a ce sentiment d’Être, simple ressenti, simple contact. Mais, tout à coup surgit : “Je Suis” , puis “Je suis conscient” et c’est déjà la première ride sur la surface de l’eau. Comme tu le dis : “Notre aspect illusionné est toujours prêt à nous accompagner sur les chemins de l’éveil”. 

Mais s’apercevoir d’être “conscient de quelque chose”, le remarquer, est aussi la possibilité, la chance, à Cela qui perçoit de “se saisir”, de s’actualiser. Et le Voir est là, panoramique, clair ; Tout ce qui est apporté par les sens est Vu, ainsi que les idées, les histoires, dans ce Regard Connaissant. C’est très mystérieux, ça existe tout seul, il n’y a rien à faire pour cela. Et la Joie est là. ( sans objet ).

Oh ! c’est curieux, je m’aperçois que ça colle avec le Sat, chit, ananda de l’Inde. Être, Connaissant, Joie !!

Ta réponse me comble.

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