Frontière de l’illusion et de l’éveil
Il ne s’agit pas de gagner l’éveil, mais plutôt de “perdre” l’illusion. L’illusion nécessite constamment d’être entretenue pour “fonctionner”. C’est comme le cinéma qui, par l’enchaînement des plans, parvient à nous captiver, à donner du sens et à retenir notre attention. C’est le sentiment d’ennui qui signe le déclin de cette emprise. Dans la vie, nous avons l’art d’esquiver cette sensation redoutée. Nous détenons une certaine aptitude à relancer notre cinéma, nous agitant et rebondissant dès qu’il ralentit.
Nous pourrions ne pas réagir et, au contraire, voir l’ennui comme un indicateur. N’est-ce pas enfin le moment de nous affranchir de cette mécanique sans chercher à la redémarrer ? Nous pouvons utiliser ce flottement opportun pour atterrir en Soi, en la Présence. L’ennui, ce n’est pas ce que l’on trouve lorsque l’on cesse de s’illusionner. Nous l’expérimentons comme un état de manque, mais il n’est que transitoire. C’est en quelque sorte l’hallali de l’illusion.