La Présence qui permet l’attention

Yves :
J’essaie d’être assidu, de me mettre dans l’instant initial, comme tu me l’avais montré, d’être là, maintenant, avant les pensées.
J’ai remarqué que de maintenir cet instant est dur, car soit c’est les pensées qui reviennent, ou je retombe dans une fatigue et je dors.
J’ai remarqué qu’il faut que je sois vigilant, mais cela demande beaucoup d’attention. Quand penses-tu ?

Denis :
Ce qu’il nous faut réaliser, c’est que nous pouvons mettre notre attention sur l’imagination et avoir simultanément le ressenti de la “Présence”.
L’état initial est plus facilement reconnaissable “avant” les pensées. Dès que nous l’avons identifié, nous pouvons constater qu’il demeure indifféremment pendant ou après les occupations de l’esprit. C’est pour cela, qu’il ne s’agit pas vraiment de fixer ou de déplacer “l’attention”, mais de reconnaître la non-discontinuité de la “Présence”. C’est l’exemple de la projection de cinéma que j’ai déjà donné (voir : “Immobilité et mouvement” et aussi “L’Espace originel” sur le journal E O). Bien que nous soyons focalisés sur le film qui se joue, indépendamment, nous pouvons ressentir notre assise, le “contact”, comme avec le fauteuil qui nous soutient.

La distraction du mental n’est pas celle du vivant, de “l’êtreté”. Avant tout, nous sommes Vie. Et, celle-ci n’a pas besoin de notre attention pour faire battre notre cœur ou animer nos autres fonctions vitales. Constamment, “derrière” le mouvement et les changements s’actualise la Présence. C’est pour cela que je n’encourage pas à pratiquer “l’attention”, ou bien à maintenir un “observateur”. C’est notre aspect illusionné qui le plus souvent s’y adonne. C’est pour cela que c’est fatigant. État initial ou Nature absolue, ça dit bien que c’est inévitablement, invariablement là. L’illusion veut toujours agir, faire, intervenir et contrôler. Mais, dans ce cas, elle doit comprendre qu’elle n’a pas de rôle à tenir. En fait, la vérité n’a pas besoin de nous pour “Être”. C’est en cela qu’il m’arrive parfois de parler “d’humilité”. Comme je le dis aussi “ça flotte”, c’est une loi physique. Nager nous sert à avancer, mais d’abord, nous sommes portés.
Il ne s’agit donc pas d’un changement d’attention ou d’une amplification de celle-ci. Comme notre esprit a le pouvoir d’en décider et qui, bien sûr, peut être utile dans certaines circonstances. Avant l’esprit, les histoires et le cinéma, il y a la Lumière qui leur donne vie. Lumière et Présence sont inconditionnelles et primordiales à toutes manifestations.
Lorsque je dis “reviens ou atterris dans la Présence”, je ne dis pas “concentre-toi”. C’est une invitation à laisser l’esprit et ses intentions et à Voir là, où tu Es déjà, à Voir “ce qui Est” spontanément et auquel tu appartiens sans réel choix.

Yves :
Mon problème, c’est que je voulais expérimenter la présence avec mon esprit. Je forçais mon esprit au silence pour sentir cette Présence, mais tu m’as fait voir que cette présence est déjà là, avant que l’esprit puisse dire quoi que ce soit.
Dans cette discussion, j’ai senti la vibration de cette présence et ensuite le mental qui revient au galop pour en parler, pour la saisir. Mais ce qui s’est passé entre deux, c’est comme un petit blanc, qui m’a fait voir le mental revenir au galop. Je l’ai mieux remarqué, car je parlais à voix haute. Car, quand je parle avec la voix intérieure, c’est plus subtil. Pour moi, cette présence s’exprime par cette sensation d’être, mais tous mes sens y participent. Merci.

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