Le train magique…

Le train roule vers Paris… C’est le week-end de la réunion mensuelle de notre rencontre en groupe avec Denis…

Les vacances de Noël viennent de commencer, le train est bondé. Je me suis assise à côté d’un jeune homme qui était déjà là, il me tourne le dos, et visiblement il sommeille.

C’est le contrôleur, ou plutôt la contrôleuse qui le réveille de sa somnolence… Là, tout s’enchaîne pour lui comme dans un cauchemar…

Son billet n’est valable qu’avec sa carte d’étudiant “12-25”… Qu’il a oublié !

Il doit s’acquitter d’un billet plein tarif… mais son seul moyen de payement est une carte bleue non acceptée par l’appareil portable de la contrôleuse.

— “je suis obligée de vous verbaliser d’une amende de 45 € plus les frais de dossier qui s’ajoute aux 27 € 30 du supplément plein tarif que vous devez acquitter, veuillez me donner vos papiers d’identité s’il vous plaît”

— “Mais j’ai oublié aussi mes papiers d’identité !” répond-il.

Cette petite voix… entre désespoir et incompréhension… à l’air de toucher aussi la préposer qui entame la procédure… Veuillez remplir cette feuille avec votre nom et adresse, et elle ajoute, comme pour s’excuser : “Vous pourrez vous faire rembourser une partie de la somme totale en apportant les documents manquants dans une gare.”

L’air devient lourd, le jeune homme s’exécute avec résignation tout en poussant un grand soupir…

J’avais suivi toute la scène, comme les autres voyageurs, mais ce jeune homme était assis juste à côté de moi… ce qui me rendait plus sensible à ses difficultés.

C’est arrivé d’un seul coup… Je me suis entendue dire à la contrôleuse : “bon, si je paye le supplément du billet au moins il n’aura pas à payer l’amende ! ?”, et me tournant vers le jeune homme je lui dis : “vous me rembourserez !” Ce fut irrépressible, simple, évident, comme la seule réponse à l’instant.

Tout s’est alors passé d’abord dans les regards… La contrôleuse eut un regard incrédule… le jeune homme un regard de gratitude… les voyageurs des regards étonnés…

puis les regards ont changé… La contrôleuse s’est sentie soulagée… Le jeune homme de plus en plus reconnaissant… Et les voyageurs redevenus indifférents…

C’est à cet instant que j’ai senti la joie qui pétillait dans mon cœur, une joie d’enfant qui regarde la vie, juste la vie, tel qu’elle est en vérité dans le cœur de chacun, sans les pensées, les calculs, les peurs, les avidités, moi, l’autre tout cela avait disparu, il y avait cet instant… une situation… et l’amour se donnant, l’amour n’appartient à personne, il jaillit et s’écoule libre et heureux !

Nous avons échangé nos adresses… Le jeune homme s’appelle Thomas, avant de partir il m’a demandé : “vous faites confiance aux gens ?”, “Non, à la Vie !” lui ai-je répondu. Alors, après un instant de silence, il m’a dit : “vous m’avez donné une grande leçon, je m’en souviendrai, et je le referai…” Mon cœur ressentit une immense gratitude !

Thomas descendit avant moi dans une autre gare, avant de s’éloigner, dans le couloir il s’est retourné et m’a fait un signe de la main… comme on dit au revoir à sa grand-mère, une tendresse reconnaissante avait humidifié son regard.

Quelques jours après mon retour, j’ai reçu une belle carte de vœux délicate et chaleureuse de Thomas.

Irina

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