Poursuivre et être poursuivi
Nous entretenons une grande fidélité envers le personnage. Aujourd’hui, cet attachement pour notre identité factice est comparable à celui que nous portons pour certains profils que nous créons sur les réseaux sociaux. Bien des personnes y sont accros. Pour rien au monde, elles ne voudraient supprimer leur compte.
Nous avons beau nous dire que nous ne voulons plus nous laisser entrainer par le “moi imaginaire”, nous réitérons les actes manqués. Quand bien même nous trouvons toute cette comédie stupide, nous sommes rattrapés par une irrésistible envie de continuer.
Parfois, il me prend de m’interroge sur la réelle nécessité de se débarrasser de ce qui n’est pas vrai. C’est comme si nous valorisions l’illusion alors même que nous tentons de nous en défaire. C’est comme vouloir échapper à son ombre et se voir poursuivi par elle.
Il existe une façon d’arriver ici, qui fait que “l’histoire” et le “rôle” s’arrêtent. En fait, c’est de se raconter, de se projeter qui s’arrête ! Nous n’avons pas besoin de conclure par une “nouvelle” histoire, qui dirait : “j’y suis arrivé”, ou “ce n’est pas pour maintenant”, ou “je vais essayer de m’arrêter”…
Plus simplement, pouvons-nous reconnaître que nous ne sommes pas les histoires, AUCUNE d’elles, au même titre qu’un récipient n’a rien à voir avec le ou les liquides qu’il contient successivement ? En vérité “nous SOMMES”. Cela est parfaitement libre d’histoire et l’a toujours été.