Mourir au personnage
Nous ne sommes pas obligés de prendre “l’abandon” comme un renoncement mortifère, une sorte d’ascèse laminente. Nous devrions garder à l’esprit que l’enjeu de tout cela est de se libérer, de ne plus être dépendant d’un personnage devenu trop étroit, qui nous retient dans ses limites, dans un schéma névrotique et récurrent.
Afin de dépasser ce rôle et cette comédie factice, nous pouvons l’offrir à la Source. Cela revient à s’offrir soi, puisque identifiés nous sommes le personnage. Par ce mouvement de don de nous-mêmes, nous nous dépouillons des faux-semblants, nous nous extrayons d’un “jeu”. Épuisant notre comédie, nous nous retrouvons disponibles pour l’Ouverture.
Du fait de notre accoutumance à la saisie, ce retour au dénuement s’avère souvent inconfortable. Nous pourrions n’y voir qu’une grande absence, qu’un vide intersidéral. Aussi, il y a ici une étape délicate qu’il nous faut dépasser. Mourir à soi-même c’est mourir à celui ou celle que nous revendiquons, celui ou celle que nous croyons être. Sur le plan spirituel, il s’agit d’une sorte de mort par laquelle nous perdons “l’identité”, la “définition” de nous. Nous perdons le fini pour l’Infini.
Il se peut que nous n’acceptions pas cette mort. Dans ce cas, ce n’est que partie remise. Parfois, il nous faut apprendre l’acceptation face à la stupeur et au désarmement que provoque sur nous le Ciel absolu. La perte des illusions nous affecte et l’ampleur de la libération nous déroute.
Si nous savons demeurer ici, au cœur de cette Aube nouvelle, les brumes du sommeil se dissipent et nous libèrent des doutes et de l’inconfort. Maintenant, nous osons nous engager et avancer au milieu de ce Ciel incommensurable. Nous nous émerveillons de la Beauté lumineuse dont recèle l’être épris de pureté.