“Être avant”, en l’état initial, présent de lui-même

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Se reconnaître en la clarté immuable, inaltérable.

Si nous pensons qu’il y a une Vérité, un absolu, alors, cette Vérité est déjà vraie, cet absolu, déjà ici. Paradoxalement, quand nous parlons de “chemin spirituel”, cela signifie que nous nous employons à cheminer vers une Vérité, vers un but qui n’est pas accessible ici et maintenant.

Prendre en compte ce qui est déjà là ; “nous Sommes”, avant de faire, de tenter quoi que ce soit. Nous ne pouvons pas devenir ce que “nous Sommes”. Il est vain de méditer pour cela. Méditer pour cela, c’est se détourner de ce que “nous Sommes”, c’est d’emblée le nier.

Comprendre l’omniprésence de “l’Être”.

Nous disons : je suis heureux, je suis malade, je suis triste, je suis riche, je suis bête… Le dénominateur commun à tous ces états, c’est “l’Être” qui les endosse. Celui qui porte ces états ne varie pas, il est constant, il est libre des états eux-mêmes, sinon, il n’en changerait pas. Il serait condamné à un même et unique état. Regardez comment “l’Être” est déjà avant tout ce que vous entreprenez, durant tout ce que vous essayez de faire et encore là après.

Ce qui est révolutionnaire, c’est de réaliser que la “solution” ou le “but” est avant tout questionnement, toute recherche. Cela a pour effet de squeezer en nous toute velléité, tout espoir et toute crainte. La Vérité est déjà ici, et s’adonner encore à une quelconque recherche, c’est tout simplement la nier, l’éviter.

Ce que nous sommes est sans jeu et libre de toute manipulation. Aussi, toute notre capacité d’entreprendre et d’agir ne nous sert à rien. La vérité s’offre et rien n’a le pouvoir de s’y opposer, de s’immiscer en son dessein. C’est comme si nous voulions “commercer” avec la générosité ou “faire” du naturel. C’est vain !

Si la vérité est là, comment pourrions-nous ne pas la voir ? Il y a ici une simplicité qui n’est pas reçue ou acceptée. C’est comme si la paix était déjà faite, que la guerre était terminée, mais que nous ne parvenions pas à lâcher nos armes. Nous sommes tellement habitués à nous emparer ou à nous dessaisir de tout, que nous ne savons plus exister sans cela.

Moi seul crée un problème. Moi seul pose un doute, pose un jugement vide en nature, car, de problème, il n’y en a pas, il n’y en aura jamais. Ils ne peuvent être que des chimères.

Ce que nous sommes en nature ne peut pas changer.

Pour commencer, je crée un problème, l’idée que quelque chose pourrait aller mal. Ensuite, je me sens affecté par ce constat. Je souffre et je veux remédier à cette situation.

N’est-ce pas ma propre voix que j’écoute, mon propre discours que je me sers ? C’est moi qui parle et c’est moi qui écoute.

Émettre une idée ne me change pas. Les idées viennent de nous, mais pas l’inverse.

Ne demeurant pas chez nous, nous nous retrouvons dans l’ignorance de “celui” que nous sommes. L’aspect qui cherche est l’aspect qui ignore. L’illusion ne tient que par l’illusion. Si l’esprit tourne, à nous de pas tourner avec lui. Nous sommes comme l’axe fixe autour duquel la roue tourne. C’est seulement du point de vue de l’esprit que l’éveil n’est pas possible maintenant. Cesser de gérer son ignorance, de se laisser contrôler par l’esprit. Décider d’atterrir, de détendre le doute. Nous “Sommes” maintenant et cela ne change pas. C’est uniquement dans notre esprit que cela change.

Nous devons nous “rapprocher” de nous comme d’un mur sur lequel se projette notre ombre, afin qu’il n’y ait plus de place pour aucune de nos projections mentales. Il nous faudra alors identifier “le doute” d’y parvenir comme l’ultime distance, l’ultime projection qui nous prive de nous, de Soi.

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