Fragile
Nous n’aimons pas la fragilité et pour ne plus la ressentir, nous préférons nous protéger derrière une armure et des stratégies. La conséquence, de cette apparente protection, est qu’une grande partie de notre sensibilité se trouve ainsi écartée. En fait, nous nous trouvons prisonniers d’un masque pesant qui ne nous rend pas heureux. Pour l’imager autrement, c’est comme si nous pensions avoir acheté notre tranquillité auprès d’un caïd, mais qu’en contrepartie, c’est un climat de surveillance et de suspicion qui règne dans notre quartier.
C’est de par notre nature que nous sommes en vulnérabilité. Il n’y a pas à le prendre personnellement, à le considérer comme un handicap ou une faiblesse.
Puisqu’aucune protection n’est réellement fiable et libératrice, autorisez-vous à vivre la fragilité du cœur nu. Vous découvrirez sa nature et en recevrez la force vitale. C’est d’elle que provient la générosité du bon cœur, la consolation réparatrice, l’amour vrai et bienveillant. Il y a tant de vie-amour qui s’offre au pied de sa touchante et précieuse fragilité.
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Note : Cette fragilité est liée au fait que nous sommes mortels au regard de notre incarnation. Tous nous détenons cette fragilité. Lorsque je parle de s’abandonner, l’exemple que je donne est celui qui consiste à se laisser porter sur l’eau. Il y a du danger, nous pouvons couler. Mais curieusement, si nous lâchons tout mouvement de contrôle, si nous nous en remettons ; ça flotte, nous flottons… Quelle révélation ! Comme s’il nous fallait passer par notre fragilité pour découvrir notre invulnérabilité, lâcher la forme, la traverser, pour réaliser le fond. Ce “lâcher” n’est pas un “truc”, comme une nouvelle fuite. Ce n’est pas une démission, ou encore une performance. C’est plus comme une assimilation, un oubli du “moi” par une adhésion, une détente confiante.