L’unicité du cœur et de la raison
La vacuité d’un second
Écouter ce que dit notre coeur ce n’est pas écouter ce que pense notre esprit. Ce n’est pas répondre à sa place. Nous avons cette idée que le coeur est toujours trop indulgent, trop naïf… Mais là encore, c’est parce que nous écoutons l’idée que nous nous en faisons.
Note : Nous confondons le coeur romantique avec le coeur de vie. Le plus souvent, la “raison” nous paraît être un allié plus fiable. Par conséquent, nous présumons que nous pouvons choisir entre l’un et l’autre. Pourtant, ce n’est pas ainsi. Si nous détenons toutes ces facultés mentales d’analyse et de réflexion, c’est qu’à la base il y a une vie, c’est qu’avant tout et que par-dessus tout “nous sommes”. Nous ne voyons plus l’être et l’unicité qui lie le cœur et la raison.
Ce n’est donc pas une question d’alternative. Nous croyons que notre défi consiste à effectuer le “bon choix”, à favoriser l’un des aspects et à délaisser l’autre, mais ce n’est là qu’un faux problème. Ne s’agit-il pas des deux faces d’une même médaille ? Alors, que l’on en ait l’une ou l’autre, de toute façon, nous avons la médaille dans son entièreté.
Se mettre des conditions tel que unifier, réconcilier, choisir… ce n’est pas voir et vivre l’unicité, mais rester dans une vision duelle. C’est croire encore qu’un aspect peut être mieux ou moins bien, que l’un peut empêcher l’autre.
Quoi qu’il en soit, nous avons une base d’amour, nous avons la pulsion de vie qui nous permet d’agir et de penser. À la base de notre raison, il y a fatalement un cœur. De la même façon que depuis le cœur s’exprime la raison. Nous ne sommes pas l’un ou l’autre. Nous sommes constamment les deux à la fois.
Entre quoi et quoi hésitons-nous ? Entre nous et nous, entre notre main droite et notre main gauche, entre notre tête et notre cœur, entre l’une et l’autre de nos idées. Est-ce vraiment un choix ? Pouvons-nous choisir l’un au détriment de l’autre ? Pouvons-nous prendre l’un sans avoir l’autre ? Nous sommes un seul corps avec tous ses membres, avec tous ses aspects qui demeurent indivisibles.
La question d’un choix ne se pose que si l’on pense que “deux” existe. Penser que “deux” existe ne crée pas deux en réalité. S’il n’y a pas “deux”, ou un “autre”, il n’y a pas de choix à faire. La question d’un choix est tout simplement vide, comme celle d’un second.
Toutefois, si nous pensons qu’il existe un choix, alors chacun d’eux ramène à celui qui choisit. Que sont ces choix en dehors de lui ? Chacun d’eux, étant sa création, lui appartient. Il ne peut donc résulter d’un choix, étant donné qu’il en est l’origine.
Derrière l’idée du choix se cache l’espoir ou la crainte que nous “serons” par l’avènement d’un autre nous-mêmes. Cet “autre” n’est que projection. Bien que nous puissions changer, cela n’engendre aucune division, aucune séparation. Au contraire, l’ensemble de ces étapes, de ces transformations, s’inscrit dans la continuité d’un même être, d’une même nature qui les rend à la fois possibles et consécutifs.
Tout ce qui s’élève en nous nous appartient. Notre quête n’a toujours été qu’un problème entre nous et nous, dans lequel personne d’autre n’a jamais été impliqué. L’illusion d’un “second” a induit l’illusion d’un problème avec un concurrent imaginaire sur lequel l’emporter ou avec lequel se réconcilier.