Images de la séparation

Jean-Pierre est l’une des toutes premières personnes qui a pris contact par le biais du site. Cela c’est produit avant même que le livre ne soit publié. Depuis, nous nous retrouvons régulièrement à l’occasion de ses venues sur Paris.

C’est un chercheur de longue date qui a effectué plusieurs séjours en Inde. C’est au retour de son dernier voyage que, retrouvant l’illusion devenue trop énorme, la bulle a éclaté. Au bout du compte, cela n’a pas fait de lui quelqu’un de spécial. Au contraire, il est resté très modeste. Je le vois comme un “jeune poussin” ébahi, tout juste sorti de l’oeuf. Je suis impatient de le voir s’affirmer, de le lire et d’entendre ce qu’il a à révéler.

Merci pour ces premiers textes.

DM

Cher Denis,

Chacune de nos rencontres depuis maintenant deux ans a été une véritable joie. Tout d’abord, par la présence qui coule à travers toi et par la nature de nos échanges à la fois profonds, mais aussi simples, où différents points de la vie et du chemin (qui n’est pas séparé de la vie) sont abordés.

Je t’adresse ci-après quelques textes spontanément sortis.

Fraternellement

Jean-Pierre

Images de la séparation

Une image me vient souvent :

La vie est comme un fleuve, d’une totale unité, unicité.

Pendant longtemps, je me suis cru une goutte séparée de ce fleuve, pouvant volontairement me diriger dans telle ou telle direction, me séparer du fleuve, aller sur la berge, revenir, etc.

Et puis vint une compréhension de ce qui est là. C’est la vie qui dirige tout ce courant. C’est la vie qui est tout ce courant. Je ne fais rien, je fais partie intégrante du fleuve, je suis consubstantiel à lui. « Je » n’existe pas.

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C’est la vie, la source qui façonne ma recherche. Je suis comme un œuf, et la vie tape sur la coquille avec les conséquences que cela a.

Des chocs, des fissures ont lieu. Si un effondrement complet doit se produire, il se produira.

Je ne suis pas un être « séparé » dans l’œuf, avec un maillet qui tape sous diverses coutures (avec différentes techniques) sur la coquille, pour être « Maître » de « mon » évolution.

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La vie est semée de moments d’unité avec tout ce qui est là. L’enfance n’est que cela. Puis vient le temps de la séparation et de la poursuite incessante d’autre chose que ce qui est là.

La vie propose à chacun de nous des moments où l’unité est là. Pendant des années, j’ai cru que des apprentissages, des enseignements, des techniques allaient me diriger vers cela. Et du coup, je me suis engagé successivement dans plusieurs enseignements. Toutefois, avec à chaque reprise, la sensation profonde que je ne choisissais pas tel ou tel, de m’engager ou pas, mais que cela s’imposait de soi-même comme une évidence.

Parallèlement, pendant toutes ces années, ces « moments d’unité » qui m’étaient donnés venaient de même dans des situations diverses. Celles-ci pouvaient être agréables, lors d’un « contact » avec la nature, un enfant, un animal ou une personne. D’autres situations pouvaient être douloureuses ou dangereuses : accompagnement d’un proche en train de mourir, accident de voiture. Tout cela simultanément très intense, mais aussi naturel et simple. Ces moments ont été pleinement vécus et acceptés dans l’instant.

Puis, assez brutalement, une évidence s’est imposée : j’étais déjà ce que je recherchais, et que cette poursuite incessante d’autres choses n’était qu’une « pseudo perfection ». Il n’y a nulle part où aller.

Cette soudaine révélation, successivement acceptée, puis rejetée, jusqu’à l’arrêt total de vouloir quoi que ce soit. Simplement, laisser vivre ce qui est là. Je n’ai rien fait pour cela, cela s’est fait, de lui-même, et s’est imposé comme une évidence.

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